Dès Novembre 2013, la CGT s’est indignée devant le passage en force de la Direction Générale Safran de réinstaurer le principe de la retraite chapeau pour ses plus hauts cadres.
(Tract distribué lors de l’Assemblée Générale des actionnaires du groupe Safran,)
Alors que des efforts significatifs sont demandés aux salariés pour préserver l’avenir des régimes de retraite par répartition (avec un taux de remplacement qui est amené à baisser), pourquoi certains, qui sont déjà les mieux rémunérés, devraient en être protégés, sur les fonds de l’entreprise, leur assurant à la retraite un pourcentage de leur salaire de fin de carrière sans aucune cotisation de leur part ?..
Lorsque nous avions interpellé l’Etat actionnaire de Safran lors de la mise en place de ce système pour les cadres hors statuts, nous avions cru comprendre que les ministres concernés allaient intervenir pour empêcher ces pratiques d’autant qu’à l’époque ce gouvernement jouait les vierges effarouchées à l’occasion du départ du patron de PSA. Malgré l’indignation suscitée chaque année par ces affaires, les gouvernements successifs n’ont jamais eu le courage de supprimer cette forme de rémunération…
Les Conseils de surveillance des Fonds Communs de Placement Safran se sont réunis fin avril 2014. Les élus de ces fonds se sont prononcés sur les propositions de résolutions proposées à l’ordre du jour de l’Assemblée Générale des actionnaires du Groupe de ce 27 mai 2014.
Ces résolutions ont été soumises au vote après une présentation des résultats des comptes consolidés du groupe Safran. Nous avons appris que le groupe bénéficie d’un crédit impôt recherche de l’ordre de 174 M€ … et autre grande surprise, le retour de la retraite chapeau mais, cette fois, pour les mandataires sociaux (5e et 6e résolution) !
Le Conseil d’Administration Safran veut la mettre en place afin que ceux-ci bénéficient, comme les cadres hors statut du Groupe, de ce dispositif de retraite supplémentaire à prestations définies.
Les mandataires sociaux de notre groupe actuellement concernés par ces résolutions sont :
le Président-Directeur Général : salaire fixe de 730 K€ + part variable de 803 K€ (10e résolution)
les 3 directeurs généraux délégués : salaires de l’ordre de 500 K€ part fixe + 550 K€ part variable (11e résolution).
Le but de cette retraite supplémentaire est de réduire leur perte de pouvoir d’achat. Cela va être difficile car nos mandataires sociaux ont des salaires qui dépassent les indicateurs des caisses de retraites c’est-à-dire 4*PMSS = 150 K€. Donc même avec les taux de retraite chapeau actuel cela sera très dur de compenser leur perte de pouvoir d’achat … peut-être le conseil d’administration prévoit-il déjà l’augmentation du pourcentage des reversements pour l’année prochaine ?…
Mise à part que cette retraite chapeau n’est pas si « importante » que cela d’après les explications de la direction, notre PDG groupe a renoncé à son parachute doré au profit de cette retraite supplémentaire. Même si l’assemblée générale des actionnaires en 2012 a voté contre, cela n’annule pas la décision du conseil d’administration qui dans ce cas engage sa responsabilité dans son choix.
Lors de la réunion des conseils de surveillance pour discuter des résolutions soumises à l’AG des actionnaires, celle concernant la retraite chapeau a été désapprouvées par la CGT ainsi que par la CGC et FO. La Direction et la CFDT ont approuvé…
La CGT est présente à l’assemblée générale des actionnaires Safran d’aujourd’hui au palais des congrès à Paris pour porter les revendications des salariés en interpellant le conseil d’administration
La coordination CGT du groupe Safran interpelle l’Assemblée Générale pour qu’elle vote contre ces résolutions concernant ce projet de retraite chapeau pour les mandataires sociaux, comme elle a désapprouvé il y a deux ans la résolution sur les engagements réglementés pris à l’égard de notre PDG, auquel il a renoncé au profit de la retraite chapeau.
Lors de la journée Discovery Day 2012 devant plus de 3000 jeunes ingénieurs et cadres du groupe, la Direction prônait des valeurs que nous citons : « Le profit n’est pas le but de l’entreprise. Le but est de faire grandir les hommes » … Elle doit les mettre en pratique plus souvent vis à vis de l’ensemble des salariés en matière de rémunérations salariales et de création d’emploi à la hauteur de nos enjeux de demain.
Notre syndicat CGT a lancé une campagne sur le coût du capital car depuis plusieurs années, le patronat et les gouvernements successifs nous expliquent que le problème des entreprises serait le niveau des salaires. En clair, nos revenus directs et socialisés (cotisations finançant la protection sociale) seraient la cause de l’augmentation du chômage, de la casse de l’industrie…
Il est grand temps de remettre les choses à l’endroit : les salaires ne sont pas un problème, les augmenter est une des solutions pour sortir de la crise, relancer la consommation et l’emploi.
La sous rémunération du travail, c’est à dire la diminution de la part de la richesse créée qui revient au travail, s’est accentuée. Ainsi, la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises a reculé ces dernières années.
La course aux dividendes pèse de plus en plus sur l’économie : en 30 ans le montant des dividendes versés a été multiplié par 20 ! Cela signifie qu’une part grandissante de la richesse créée par le travail ne sert pas à alimenter l’économie ou à répondre aux besoins, mais est stérilisée par les financiers…
En 1981, un salarié travaillait l’équivalent de 10 jours par an pour satisfaire les dividendes, en 2012 c’est l’équivalent de 45 jours de travail sur une année !…
Pour la CGT, la solution passe par une autre politique salariale révisant à la hausse toutes les rémunérations des salariés SAFRAN au travers d’une grille commune Groupe juste et équilibrée. La solution passe par l’embauche dans toutes les catégories professionnelles devant des carnets de commandes à la hausse afin de développer l’emploi industriel de notre pays.
(Pour prolonger notre analyse voir : Les retraites dorées des seigneurs du capitalisme )